L être et l’essence (De ente et essentia)


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BIBLIOTH~QUE DES TEXTES PHILOSOPHIQUES Directeur : Henri GOUHIER

SAINT THOMAS D'AQUIN

' ET

' (De ente et essentia) Texte, traduction et notes

par

Catherine CAPELLE

PARIS LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN 6,

PLACE DE LA 5oRBONNE,

1982

Ve

La loi du 11 mars 1957 n'autorisant. aux. termes des alinéas 2 et 3 de l'article 4J. d·une part, que « les copies ou reproductions strictemen1 réservées à rusage privé .du copiste et non destinées à une utilisation c:ollective » et, d'autre part que. les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, te toute repr~scntation ou reproduction intêgra1c. ou partielle. faite sans Je consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayant, cause, est illicite » alinéa l" de l'article 40. Cette représentation ou reproduction. par quelque procédé que cc soit, consti~ tuerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code Pénal.

0 Librairie Philosophique J. VRIN, 1982 ISBN 2-7116-0675-9

INTRODUCTION

Le traité de l'Etre et l'Essence, paru sous le n° 3Q des Opuscules (œuvres complètes de Saint Thomas d'Aq11io}, édités à Rome en 1570-71, sous les ·nœ 26 et 27 respectivement des éditions de Parme et de Vives, et enfin sous le n° 8 à celle de Lethielleux en 1927, fut l'objet de trois éditions critiques : celle du P. Roland-Gosselin O. P., Bibliothèque thnmiste, 1926 ; celle du Dr L. Bauer, Munster, 1926, et celle du Révérend P. Boyer, S. J.., Rome, Université grégo-

• 11enne, 1933. La traduction que nous proposons a été faite sur ce dernier texte en tenant compte des principales variantes du texte du Père Roland-Gosselin qui seront indiquées en note

par les lettres R. G. L'authenticité de l'opuscule est démontrée par sa présence sur le catalogue dit « officiel », dressé, comme l'a établi le P. Mandonnet 1 , par Raynald de Pipemo et inséré dans le procès de canonisation 1 • Ce catalogue énumère en une première section les vingt-cinq opuscules seuls authentjques d'après le compagnon du saint. Len° x7 porte: « De Ente et Essentia, ad fratres ·socios 8 11. Ce travail semble avoir été destiné aux jeunes frères de !'Ordre des Prêcheurs, les auditeurs immédiats du saint. On imagine volo11tiers que ceux-ci, embarrassés par divers points de l'enseignement reçu, aient demandé et· obtenu avec le De Ente et Essentit1 comme avec le De Principiis naturae de la même. époque, des éclaircissements présentant une valeur de clef.

6 D'après Ptolémée de Lucques ', en effet, saint Thomas composa le De Ente et Essentia avant d'avoir reçu sa maîtrise et pendant qu'il enseignait à Paris comme bachelier senter1ciaire, c'est-à-dire entre 1254 et 1256. La maturité de pensée que l'œuvre révèle suggère que ce fut à la fin de cette période. Aussi, le P. Mandonnet a-t-il attribué au texte en. question la date de 1256. Un mot maintenant sur la traduction : il est évident que toute science a un langage technique, que tout auteur a un vocabulaire propre dont on ne peut s'affranchir qu'au préjudice de la clarté et de la vérité. Mais, en l'espèce, s'y tenir strictement serait s'enf1::r111er dans un ésotérisme barbare et renoncer à tout contact entre la pensée médiévale et la nôtre ; car nous avons affaire ici non seulement à la langue d'11ne science mais à celle d'une époque. Le lecteur doit s'attendre à être étonné, peut-être même déconcerté, par saint Thomas ; mais pour lui faciliter l'intelligence de cette doctrine nous avons cherché à l'exprimer autant que possible dans; le français d'aujourd'hui. . Une des principales di:ffir.1ùtés de la traduction était de trouver l'équivalent de ens, esse, etc. Ens, étant, désigne l'être comme substantif, donc l'être concret, celui qui existe, un être. Par ailleurs, l'infinitif esse signifie l'acte d'exister, donc l'existence au sens actif, alors que existentia (qui n'est pas employé· dans l'opuscule) serait l'abstrait de cet acte d'exister, comme blancheur est l'abstrait de blanc. Si donc nous l'l:lprenons le participe ens, nous pourrons comprendre par là« ce qui possède l'esse, c'est-à-dire l'existence, au sens actif ». En français cependant, le mot « existence » n'est pas comme en latin réservé au sens abstrait ; c'est pourquoi nous avons le droit, me semble-t-il, de traduire esse par « existence ». )fais il y a· une manière encore plus satisfaisante de traduire esse, c'est celle qu'a proposée le P. Roland;.(iosselin

7 dans un autre ouvrage I et qui préserve toute la richesse active de l'infinitif latin, c'est : l'exister, qui substantialise l'infinitif et, par là, demeure extrêmement proche du texte. Voilà pourquoi nous avons traduit esse tantôt par existence, tantôt pâr l'exister, le contexte immédiat étant là raison du choix ; et nous avons réservé le mot être pour exprimer le participe ens. Dans le titre on a cependant l'impression que étre est trop faible ; c'est une périphrase qu'il faudrait : De ce qui existe

et de l'essence. Une autre difficulté de la traduction était la lourdeur de la phrase scolastique : nous avons essayé de la dimin11er quelque peu, sans parvenir pourtant à l'éliminer. On hésite toujours entre la tournure littérale et la tournure plus alerte. Un esprit moderne aura peut-être quelque peine à entrer en contact avec le texte médiéval, car les difficultés de langage ne sont que le reflet et la conséquence d'une difficulté plus profonde : la diversité des mentalités entre le Moyen-Age et nous. L'atmosphère philosophique n'est pas la nôtre, les. problèmes et leurs solutions font appel à un contexte mental entièrement différent. De quoi• s'agit-il en effet dans le De Ente et Essentia ? De définitions de mots et d~ classements en catégories ! Serait-ce là toute la richesse de pensée du Docteur Angélique ? Il est vrai que notre opuscule se-tient presque constamment au plan logique, mais la logique n'est pas pour les anciens ce qu'elle est pour nous, un pur système de signes et d'expressions. Si saint Thomas ne fait rien autre ici que chercher_le sens des mots, le t1aité a pourtant une haute portée métaphysique. Ne serait-ce pas le cas d'utiliser la distinction chère à M. Guitton entre l'esprit et la mentalité, l'idée et son enveloppement ? « Le donné susbtantiel est souvent enveloppé par une u mentalité , qui servait autrefois à l'exprimer aux esprits, mais qui maintenant nous le dissimule 8 • » L'historien doit, au-delà· de cette mentalité logique, retrouver l'esprit métaphysique

8 qui s'y trouve en effet. La grande loi qui doit rester présente à l'esprit dans notre lecture du texte est celle-ci: les concepts sont signes du réel et les mots sont signes des concepts ; et cette double signification, loin d'être arbitraire, est inscrite dans la réalité elle-même : le concept en effet, tout en étant un produit original de l'intelligence reçoit sa fo11ne précise de la chose connue, dans l'acte même de connaissance. Le mot, à son tour, n'est que l'expression verbale dans laquelle la conception s'achève et qui reproduit, elle aussi, une détermination reçue du réel. C'est pourquoi, à travers le mot, on atteint authentiquement la réalité des choses. Aussi, la pensée, dans le traité, tout en se tenant au plan logique, n'a-t-elle rigoureusement rien de subjectif. I~ faut bien voir l'orientation métaphysique que cachent les relations logiques dont il s'agit ici. C'est donc bien l'ontologie de saint Thomas que nous allons trouver ici, et le De Ente et Essentia nous la donne dans toute sa fraicheur, c'est pour ainsi dire l'éveil de cette pensée qui s'exprime pour la première fois. Qu'est-ce donc que cette métaphysique ? Une ontologie de l'existence. Du moins telle est l 'affi, 111ation des meilleurs interprètes de la pensée de saint Thomas. M. Gilson met cette vérité en un relief suggestif 1 • M. Maritain qualifie le thomisme d'intellectualisme existentiel 8 • La question de l'essence et de l'existence, qui est l'objet même du traité, en est incontestablement la clef de voûte. Ici plus encore que partout ailleurs apparaît l'originalité d'une doctrine dans laquelle les distinctions ne sont posées que pour être dépassées : l'essence et l'existence sont distinguées, certes, mais l'essence ne se définit jamais que dans son rapport à l'existence qui est u au cœur du réel » ; l'existence se nuance selon les diverses essences, se proportionne à chacune de leurs réalisations. L'intégration réciproque di l'essence et de l'existence est une thèse aussi essentielle au thomisme que leur distinction - plus même, puisqu'elle aboutit au cas limite de la cause première où

g

les deux termes s'unissent dans l'Etre dont l'essence est le pur exister. Mais dans la perspective de saJnt Thomas que faut-il entendre par existence ? Étant admis que le réel, objet de notre expérience, est composé d'un élément déterminé, la matière, et d'un élément déte1111inant, la fo1me, qui ~ait qu'une chose est telle chose et entre en telle classe de réalités, l'acte d'exister est ce qui détermine la fc,1111e elle-même ; « l'exister est comme l'acte même à l'égard de la fu1me ellemême; car si l'on dit que, dans les composés de matière et de forme, la forme est principe d'existence c'est parce qu'elle accomplit la substance dont l'acte est l'exister 9 ,. La fuxme est donc principe d'existence parcè qu'elle détermine et achève la substance, mais elle ne l'est qu'autant qu'elle reçoit· elle-même l'existence actuelle. Et à ce plan l'existence agit comme furn1e, la substance comme matière. Par suite « dire que l'exister se comporte comme un acte· à l'égard de la fu1me c'est· affi11ner le primat radical de l'existence sur l'essence... ; la fu1111e de la substance n'est telle et n'txiste qu'en vertu de l'acte existentiel qui fait de cette substance un être réel. Ainsi entendu l'acte d'exister se situe au cœur, ou si l'on préfère à la racine même du réel 10• » L'existence ou plut6t l'exister, est donc plus que l'élément primordial du réel : elle est ce qui fait que tout est réel, elle est le réel. Et pourtant cette existence a une limite : l'existence n'existe pas, elle est toujours l'existence de quelque chose qui n'est pas elle :.l'essence. Si, en effet, l'existence que rencontre notre expérience n'est pas l'exister pur, ce qui s'y ajoute et la déte1mine doit être du positif sans être l'acte d'exister : ce ne peut être que de l'être en puissance. Voici donc que l'acte est déterminé et (si l'on· peut ain!!i dire) spécifié par la potentialité.« L'essence d'un acte fini d'exister consiste à n'être que tel ou tel esse et non l'esse pur... l'acte d'exister se spéèifie donc par ce qui lui manque 11 • »

IO

Ces notions propres à un auteur médiéval .ne sont pas sans rapport avec des ·préoccupations contemporaines. Tout le monde sait en effet que l'existence est un des pôles oti s'oriente la pensée philosophique d'aujourd'hui. Mais alors que saint Thomas cherche l'exister sur un plan métaphysique, impersonnel et objectif, nous tendons, nous, à ne le saisir que dans un reploiement sur nous-mêmes, dans une expérience plus exclusivement psychologique et qui risque de s'enft:rr11er en elle-même ; au lieu de l'existence 11niverselle, c'est la seule existence humaine qui s'offre à l'investigation du métaphysicien ; dans un cas l'intelligence est donnée comme instrument de découverte, dans l'autre c'est la liberté qui témoigne de l'existence. Pourtant, sans vouloir diminuer le moindrement les grandes différences qui séparent ces deux courants de pensée, on ne peut manquer de voir en l'une et en l'autre ce go'llt prononcé du concret, cette corn' mune répulsion des .idées abstraites auxquelles· l'existence · n'ajoute rien. La question est de savoir si c'est l'expérience de l'exister qui à elle seule fournit la saisie authentique du réel, ou bien si l'intelligence en approfondissant son mouvement, bien loin de s'écarter· de l'existence pour saisir la seule essence, ne s'attacherait pas d'autant plus à la profondeur de l'existence qu'elle est plus pénétrante ? Cet effort peut n'être point aisé. Mais il vaut, semble-t-il, d'être tenté :· « dans une philosophie où l'exister est inconcevable autrement que dans et par une essence, mais où -toute essence signale un acte d'exister, les richesses concrètes sont pratiq11ement inépuisables 11 1.

PLAN

CHAPITRE

I. - INTRODUCTION : définitions des mots ; être, essence, quiddité, forme, nature.

A. SUBSTANCES COMPOSÉES CHAPITRE

Il. -

ÉTUDE DES SUBSTANCES COMPOSÉES : l'essence n'est ni matière, ni forme seules, mais l'union des deux. · Différence entre matière non-désignée et matière

désignée. · CHAPITRE III. - Cette différence est · celle de l'abstrait au concret. Rapports d'implication entre genre et espèce. Valeur des expressions logiques : genre, espèce,

différence. . . Essence signifiée dans l'abstrait (humanité) et dans le concret (homme).

CHAPITRE IV. - L'ESSENCE DANS •• GENU. ESPÈCE, DIFFÉRENCE. Rapport de l'essence à l'un et au multiple. Essence signifiée comme tout se subdivise en : 1° nature conçue dans l'absolue, 2° nature selon l'essence en tel ou tel singulier. A l'une et à l'autre nature s'oppose la natur~ commune selon l'être qu'elle ~ dans la pensée. Cette idée, objectivement générale, est cependant subjectivement particulière en chaque intelligence qui la pense : c'est là précisément l'espèu.

12

B. COMPARAISON ENTRE SUBSTANCES SIMPLES ET SUBSTANCES COMPOSÉES

V. - ÉTUDE DES SUBSTANCES SIMPLES : dmes, anges, cause première. Quant aux anges ét aux âJnes, démonstration de leur ,J,ure spiritualité. Trois différences entre essence dans les substances com,poséis et dans les substances simples. Démonstration de la distinction entre essence et existence en tout autre que Dieu. Potentialité . et gradation dans les substances spirituelles. CHAPITRE VI. - Les · trois manières différentes qu'ont les substances de posséder leur essence. Diversité entre genre et différence dans les substanr.es spirituelles et dans les substances composées. CHAPITRE

C. SUBSTANCES ET ACCIDENTS CHAPITRE VII. - PRÉSENCE ACCIDENTS :

DE

L'ESSENCE

DANS

LES

Diffêrence entre formes substantielles et formes accidentelles. Les différents types d'accidents : 10 dérivant de la matière : a) dans sa relation à la forme propre ; b) dans sa relation à une fo1n1e plus générale. 2° dérivant de la fo11ne : a) avec liaison à la matière ; b) sans liaison à la matière.

L'tTRE ET L,ESSENCE

.

INTRODUCTION

Selon Aristote 13 une légère err~ur dans les principes engendre 11nP. conclusion gravement erronée : or, l'être et.l'essence étant ce-que l'intelligence conçoit en premi~ lieu, comme dit Avicenne 1 ', il faut _éviter toute ignorance à leur sujet, et pour cela 1° analyser le sens des mots essenu et être, 2° déterminer de quelle façon les concepts ainsi obtenus se · trouvent réalisés dans les choses diverses par ailleurs, 3° de quelle manière ces concepts se réfèrent aux notions logiques _de genre,

espèce, différence. Par 111 ailleurs, nous devons -atteindre à. 1a cnnnaissancc des choses simples en partant ·des choses composées, et parvenir à ce qui est antérieur par l'interm..;iiaire de ce qui est postérieur, afin que l'enseignement soit plus adapté en commençant par les éléments les plus facik'I '-'. C'est pourquoi, il faut procéder de 1a signification de l'être à celle de l'essence.

DE ENTE ET ESSENTIA

PROOEMIUM

Quia parvus error in principio magnus est in fine, secund11m Philosoph11m, primo Caeli et Mundi ; ens autem et essentia sunt qua: primo intellectu concipi11ntur, ut dicit Avicenna in primo libro suae Metaphysicae; ideo> ne ex eorum ignorantia errare contingat; ad horum difficultatem aperiendam, dicendum est, quid nomine essentiae et entis significetur, et quomodo in diversis inveniantur, et quomodo se habeant ad intentiones logicas, scilicet genus, spedem et differentiaroQuia vero ex compositis simplicium cognitiqne,,, accipere debemus, et ex posterioribus in priora devenire, ut a facilioribus incipientès convenientior fiat disciplina, ideo ex significatione entis ad significationem essentiae procedend11m est. ·

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L'ETRE ET L'ESS-ENCE

CHAPITRE I

Il faut savoir que, comme le dit Aristote 17, I'être au sens strict 18 se dit en deux acceptions : 1° l'être qui est divisé en dix catégories, 2° l'être qui signifie la vérité des jugements 111• Voici la différence entre ces deux significations : à la seconde on appelle être tout ce au sujet de quoi on peut formçr une proposition affirmative, même . si cela ne correspond à rien dans la réalité - c'est en œ sens que les privations et les négations sont appelées des êtres ; nous disons, en effet, que l'affirmation eSt l'opposé de la négation, que la cécité est dans l'œil. Mais selon la I première signification, on ne peut appeler être qu'une chose qui existe dans la réalité. C'est pourquoi, en ce sens-là, là cécité et autres choses semblables 10 ne sont pas des ltres. Le terme essence n'est pas pris de être au second sens : en effet, ce qui est appelé être en ce sens n'a pas d'essence comme il apparaît dans les privations 21 ; maili essence est pris de être au premier sens. C'est pourquoi, Averroès, en commentant le texte d'Aristote, dit que « l'être employé au premier sens est ce qui signifie la substance de la chose ». Mais, comme il a été dit, l'être en ce premier sens, désigne ce qui est divisé en dix catégories ; c'est pourquoi, il faut que l'essence signifie quelque chose de comm'llil à toutes les natures par lesquelles les divers êtres sont classés en divers genres et espèces, comme l'humanité

DE ENTE ET ESSENTIA

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CAPUT I

Sciend1im est quod, sicut dicit Philosophus in q1iinto Metaphysicae, ens per se· dicitur dupliciter : 1inn modo, quod dividitur per decem genera ; ·alio modo, quod significat proposition1im veritatem. Hor1im autem differentia est, q1iia secundo modo potest dici ens nmne illud de quo affirmativa propositio for111ari potest, etjamsi illud in re pihi1 ponat ; per quem morl11m privationes et negationes entia dicuntur : clicimus enim quod affirmatio est opposita negationi, et quod caecitas est in ocuJo. Sed primo modo non potest dici ens, nisi quod aliquid in re ponit. Unde primo modo caecitas et huiusmodi non sunt · entia. Nomen igitur essentiae non s1imitur ab ente secundo modo dicto ; aliqua enim hoc modo dicuntur entia, quae essentiam non habent, ut patet in privationibus ; sed sumitur essentia ab ente primo modo dicto; Unde Cornmentator in eodem loco dicit quod « ens primo modo dictum est quod significat substantiam rei ».

Et quia, ut dict1im est; ens hoc modo dicnim dividitur per decem genera, oportet quod essentia significet aliquid commune omnibus naturis, per quas diversa entia in diversis generibus et speciebus collocantur, sicut humaoitas ·est essentia bnminis, et sic de aliis. a

I8

DIVERS SENS DE L'ESSENCE

est l'essence de l'homme, et ainsi des autres. Or, la définition indiq1Jant ce qu'(quid) est la chose signifie ce par quoi les ôttes sont constitués dans leur genre ou espèce propre ; c'est pour cela que le terme essence a été changé par les philosophes en celui de quiddité, et c'est là ce qu'Aristote appelle souvent le quod ,

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